Thomas Gueridon a rejoint AXA NEXT en Novembre 2018, l’entité du groupe AXA dédiée à l’innovation, pour construire de nouveaux services et business models qui vont au-delà de l’assurance. Aujourd’hui, en charge de missions dans le domaine du gaming, il travaille sur un projet entrepreneurial de développement de services destinés aux acteurs de l’écosystème du jeu vidéo. Faut-il parler de son idée avant de se lancer dans l’entrepreneuriat ? Et si oui, à qui ? Voici ses conseils.

Si on parlait de votre projet ?
Intéressé(e)

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’ai rejoint l’équipe communication du groupe AXA il y a 5 ans. Je travaillais notamment sur la gestion du compte Twitter @AXA et sur la coordination plus globale des comptes Twitter des différents pays. Côté personnel, j’ai toujours été passionné de jeux vidéo. J’ai rédigé 2 mémoires sur l’esport pendant mes études et j’ai même joué en compétition il y a une dizaine d’années. Depuis novembre, je suis en charge d’un projet gaming avec ma collègue Noélie MONCAUT au sein de l’équipe AXA Next.

Comment votre projet est-il né au sein d’AXA Next?

Dès mon arrivée chez AXA, j’ai toujours parlé d’esport et de jeux vidéo, même si cela n’avait aucun rapport avec mon poste de l’époque. Un jour, on m’a annoncé qu’une nouvelle collaboratrice, Noélie, travaillait sur un projet autour de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée, notamment autour du jeu Pokémon GO. Nous nous sommes rencontrés et nous sommes rapidement rendu compte qu’il y avait de nouveaux services à imaginer à l'heure où l’esport se développe à vitesse grand V. Nous avons commencé à travailler sur ce projet en parallèle de nos missions respectives, pendant plusieurs mois, jusqu’à présenter notre projet à AXA Next en septembre 2018. Deux mois plus tard, nous rejoignions cette nouvelle entité pour lancer le projet gaming.

Avez-vous parlé de votre projet entrepreneurial à votre entourage lors des premières étapes de sa création ? Si oui, qu’en avez-vous tiré ?

J’en ai toujours parlé au plus de monde possible dans mon entourage personnel et professionnel car il y a beaucoup plus de choses à gagner qu’à perdre dans le fait de confronter ses avis et ses idées. Même lorsque vos interlocuteurs ne sont pas familiers du sujet, ils peuvent vous apporter un regard neuf intéressant. Mais attention, en parler c’est aussi parfois prendre le risque de se faire voler son idée. C’est pourquoi il vaut mieux toujours n’en partager que 70 % pour conserver un avantage compétitif même si un concurrent se lance avant vous.

Dans quel cas de figure vous paraît-il particulièrement pertinent pour un entrepreneur de parler de son idée ?

Premièrement, j’aimerais souligner qu’il est important de ne pas trop “tomber amoureux” de son idée. En général, soit quelqu’un en a déjà eu une similaire, soit personne n’y a pensé, ce qui est rare, voire suspect. Parler de son idée suffisamment tôt permet de challenger ce qui a déjà été lancé ou testé par d’autres pour voir comment faire mieux, ou d’étudier ce qui n’existe pas pour envisager ce qui est faisable. Dans le cadre d’un partenariat que nous avons lancé avec Paris&Co et la plateforme esport « Level 256 » de la ville de Paris, nous avons eu l’occasion de rencontrer un grand nombre de startups à différents niveaux de maturité. Elles nous ont raconté les erreurs qu’elles avaient pu commettre, ce qui nous a permis de ne pas les reproduire et de gagner du temps.

Y a-t-il une approche différente à adopter si l’on est juste tenté de se lancer dans l’entrepreneuriat sans avoir de projet précis en tête ?

Pour les personnes qui n’ont qu’une petite idée de leur projet, se rendre à des meetups, après les cours ou le travail, est un bon moyen de rencontrer des gens. J’y ai par exemple croisé, deux jeunes qui avaient juste une idée mais n’avaient ni structure, ni réseau et qui sont parvenus à monter une entreprise et à construire un projet solide par la suite. Les rencontres faites lors de meetups les avaient aidés à structurer leur démarche. Autre conseil quand l’idée est encore vague : utiliser LinkedIn. Cela permet de suivre des startups et des entrepreneurs, proposer de rentrer en contact avec eux, pour échanger et s’enrichir de leurs expériences.

À l’inverse, si l’on a déjà un projet précis en tête, pourquoi est-il important de se challenger soi-même ?

Lorsqu’on a une idée, il est parfois difficile de visualiser à quoi elle pourrait concrètement ressembler ou d’avoir une vue exhaustive de tous les paramètres à prendre en compte pour sa mise en œuvre. C’est pourquoi il faut se challenger soi-même pour être certain que cette idée est la bonne. Là encore, l’échange est primordial. Et même si l’on reçoit des retours négatifs, il faut toujours essayer de les écouter pour pouvoir améliorer son produit ou son service.

Côté méthodologie, quelle est l’étape incontournable ?

La première étape, c’est de s’assurer qu’il existe un réel besoin. Quand on parle de son idée autour de soi, les gens ont souvent tendance à la trouver intéressante. Pourtant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous au moment du lancement. C’est pour éviter un tel décalage que dans notre cas, nous avons tenu à rencontrer un maximum d’acteurs du secteur : joueurs et équipes de tous niveaux, streamers, éditeurs et développeurs de jeux vidéo… Nous les avons laissés parler de leurs problèmes récurrents, pour identifier des solutions et réfléchir à un business model pertinent. 

L’innovation ne s’improvise pas : il existe des méthodologies et des process rigoureux pour mener à bien un projet depuis l’idéation jusqu’au lancement.

Avez-vous un dernier conseil à donner aux futurs entrepreneurs ?

Dès qu’on a une idée, il ne faut pas hésiter à en parler avec le plus de monde possible, avec des gens d’industries et de séniorités différentes, des collègues, mais aussi pourquoi pas, à un enfant, à sa grand-mère et justement à toute personne qui n’est pas forcément dans la cible de son produit ou de son service. Il faut impérativement que tous ces interlocuteurs puissent comprendre aisément le pitch du projet.

Sinon, cela signifie que le projet est trop spécifique ou trop théorique. Entre novembre et décembre 2018, nous avons échangé avec près de 250 personnes de tous milieux confondus. Ce sont ces échanges qui nous ont permis d’affiner notre produit.

L’étape d’après étant de s’entourer des bonnes personnes et des profils complémentaires pour concrétiser son idée.

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Nombreuses sont les façons d’entreprendre. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une idée précise pour se lancer. Il est possible d’adhérer à un projet déjà existant.

C’est notamment ce cas que nous avions étudié dans un article précédent, avec l’exemple AXA, permettant à des personnes qui recherche une idée pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale de le faire tout en étant accompagnés par une structure solide.